Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur un passage de grades FFKDA, sans oser le demander.

I - Préparer et réussir un passage de grades FFK

II - Le passage de grade comme si vous y étiez. Un infiltré raconte…

I - Préparer et réussir un passage de grades FFK

Bien préparer un examen, c'est dans tous les cas, commencer par bien s'informer sur le contenu des épreuves et les attendus. Dans notre cas spécifique d'un passage Nanbudo, je vous recommande, que vous soyez candidat ou jury, de toujours vous munir le jour de l'épreuve, d'un exemplaire imprimé de la partie Nanbudo. N'attendez pas tout de votre professeur, renseignez-vous par vous-même, soyez attentifs, vigilants, curieux et impliqués, c'est la meilleure façon d'aller vers la réussite.

Tous les renseignements sur le site de la fédé :

https://www.ffkarate.fr/espace-licencies/grades/

Vous y trouverez le règlement complet (une première partie générale et le règlement spécifique Nanbudo à partir de la page 135, regardez les deux).  Attention, pour les formulaires d'inscription, du 1er au 4ème dan, il faut prendre ceux disponibles sur les sites des départements.9

Un contact à la fédé :

Secrétariat aux Grades
01 41 17 44 40
grades@ffkarate.fr

Après avoir consulté la page grade du site de la fédération, il faut vous rendre sur le site de votre département. Tapez « comité départemental FFKDA de… et le nom de votre département ». Vous y trouverez les renseignements spécifiques à votre situation, dont la date et le lieu des prochains passages et la date limite d'inscription. Souvent les inscriptions sont dématérialisées et se font en ligne.

Il faut produire la photocopie de la page des U.V. déjà obtenues (le cas échéant). Et payer 50€.

Le jour de l'examen, le candidat doit se munir de sa convocation, son passeport (rempli, signé, avec photo, avec grades inscrits, avec licences). Vérifiez sur le site de votre département ce qui peut être demandé en plus (enveloppe timbrée, autorisation pour les mineurs…)

Rappel des conditions d'accès aux Dans 

Grade 1er Dan	2ème Dan	3ème Dan	4ème Dan	5ème Dan	6ème Dan	7er Dan
Age planché 14 ans	17 ans	21 ans	25 ans	30 ans	40 ans	50 ans
Délai d'activité 3 ans de pratique	2 ans de 1er dan	3 ans de 2ème dan	4 ans de 3ème dan	5 ans de 4ème dan	6 ans de 5ème dan	7 ans de 6ème dan

Rappel de l'endroit où sont organisés les passages selon le grade présenté :

Les clubs sont compétents pour l'organisation des passages de grade de 1er DAN si ils le souhaitent.
En département : passages de 1er, 2ème, 3ème et 4ème Dan (Et 1er dan aussi en club)
En région : 5ème Dan
Au national : 6ème Dan et supérieur.

Toutefois, sur décision de la CSDGE, les passages de Dans et grades équivalents de certaines disciplines peuvent être organisés dans le ressort territorial déterminé par la Commission Spécialisée des Dans et Grades Equivalents, voire par la CSDGE elle-même et ceci dès le 1er Dan. Par exemple, une région peut organiser un passage de grades Nanbudo 1, 2, 3 ou 4 dans si c'est compliqué en département (pour avoir des jurys qualifiés par exemple). Ou un 5ème dan au national, pour les mêmes raisons… Cependant, la présence d'un jury du style à la table ne semble pas être une obligation légale. Dans le cas où ces jurys ont un esprit ouvert et une habitude de l'évaluation inter-style, ça pose peut de problèmes. A mon sens il faut essayer de faire en sorte qu'il y ait toujours une personne du style, capable de donner des directives et de demander des exercices adaptés au Nanbudo. Les autres co-évaluateurs peuvent sans trop de difficulté être d'un autre style. Ils savent repérer des appuis stables ou non, un coup de pied réarmé ou non, des pouces qui trainent sur une garde mains ouvertes… et de mesurer la détermination et le respect de l'étiquette par le candidat.

Le contenu des épreuves, en bref (à approfondir en lisant le règlement) :

Du 1er au  3ème dan, six épreuves : Kihon, Kihon ippon kumite, kata, programme imposé (bunkai) Epreuve technique (randori), épreuve combat (randori ou ju randori au choix du candidat).

A partir du 4ème dan, quatre épreuves seulement, dont un kihon inventé par le candidat.

Pour avoir les détails des katas et randori à connaître pour chaque grade, regardez dans le règlement Nanbudo, la page des annexes.

Quelques réponses aux questions les plus courantes : Il y a deux kata, tous deux au choix du candidat, à effectuer (dans sa liste) et il faut présenter le bunkai d'un kata de sa liste (de préférence un des deux que vous avez présenté !). On peut présenter un kata yin (mais pas de bunkai !). Le kihon ippon kumite, c'est comme un randori, sauf que uke est en yoy dashi et non en zenkutsu. Les défenses sont libre dans cette épreuve, on n'a pas besoin de se cantonner à des défenses tirées des randori de son grade.

Pour votre préparation :

• Entrainez-vous très régulièrement en club en rappelant à votre professeur votre objectif de passage de grades.
• Repérez et travaillez prioritairement vos points faibles, là encore sollicitez l'aide de votre professeur sur ces points précis.
• Travaillez davantage vos points forts à mesure que vous vous rapprochez de la date de l'épreuve, ce qui vous permettra de prendre confiance.
•  Souciez-vous de savoir qui de votre club et des autres clubs va se présenter à la même date. Ils sont susceptibles d'être vos partenaires. Si possible, entrainez-vous avec un plastron de votre choix, mais soyez prêts à vous adapter à un autre partenaire sur place si nécessaire.
• Si vous en avez la possibilité, allez vous entraîner de temps en temps dans un autre club. Vous serez toujours les bienvenus. Prévenez votre professeur, par simple correction.

Mes trois conseils principaux :

• Préparez-vous bien. Le meilleur antidote au stress naturel d'une épreuve, est une bonne préparation. Les petites fautes, les erreurs dues au stress sont compréhensibles et acceptés. Mais un candidat qui connaît mal son épreuve et « improvise » visiblement, va irriter son jury qui risque de ne rien lui laisser passer.
• Prenez l'ensemble du projet en main, sans vous reposer sur votre prof.
• Soyez prêts à vous adapter à tout, si besoin : changement de plastron de dernière minute, contenu de l'épreuve pas exactement conforme à ce qui était prévu, très longue attente ou au contraire, passage dès votre arrivée, à peine échauffés.

Un bon passage de grades :

• De la détermination, du kime, du kiaï. Une capacité à continuer même si il y a erreur, à ne rien lâcher jusqu'à la dernière minute, aucune désinvolture (attention aux réactions de prestance : nonchalance, rire, mollesse, agressivité excessive…).
• Des bases correctes : zenkutsu sur deux lignes, pieds rentrés en yoï dashi, coups de pieds réarmés..
• Une attitude martiale, avec un respect sans faille de l'étiquette : saluts impeccables, tenue sur le bord du tatami irréprochable, attitude du visage neutre, vigilance à ce qui se passe, concentration réactivité (quand on vous appelle…)
• Préservez votre intégrité physique (si vous êtes blessés, vous n'êtes pas forcés de continuer, au risque de vous abimer) et celle de votre partenaire (simple plastron ou candidat, votre contrôle doit être absolu).

Les oublis, les petites fautes techniques ou pertes d'équilibre  dues au stress, peuvent être pardonnés si ce qui est énuméré ci-dessus est respecté.

Focus sur une nouveauté : le passage de 1er dan en club

Il est désormais possible, si le club en fait la demande en début de saison sportive. Ce n'est pas du tout une obligation, ça peut toujours se passer au département. Francis Didier, président de la FFKDA, a écrit un très bel article pour justifier ce dispositif, et je vous invite à aller le lire. Il ne me semble pas nécessaire de commenter davantage :

https://www.ffkarate.fr/francis-didier-les-clubs-pourront-organiser-le-passage-de-grade-pour-la-ceinture-noire/

Vous pouvez aussi lire une autre info plus courte, également sur le site de la fédé :

https://www.ffkarate.fr/passage-du-premier-dan-en-club-la-modernite-a-du-bon/

N.B. : que vous soyez jury ou candidat, jouez le jeu ! Collez au plus près du règlement prévu, merci de ne pas profiter de vos connaissances locales pour « interpréter » le programme comme ça vous arrange. Il faut penser aux candidats qui viendront après, aux changements possibles d'interlocuteurs dans vos départements et régions, à la cohérence d'ensemble du Nanbudo au sein de la fédération, à l'égalité de traitement entre les candidats.

Faisons en sorte que le passage de grade soit pour chaque candidat une occasion de relever un défi, de s'entraîner avec rigueur et sérieux, et de démontrer notre belle école avec fierté et engagement.

En cas de difficultés dans l'organisation de votre passage, (absence de jury Nanbudo, plastron karatéka imposé etc..)
contactez-nous : commission relations FFKDA : les auteurs du présent article.

 

II - Le passage de grade comme si vous y étiez. Un infiltré raconte…

Préparation :

La préparation a commencée plusieurs semaines avant l'examen, presque tous mes échauffements en club intégraient une partie kihon spécifique pour le passage de grade, qu'il porte sur une seule attaque en même temps, un enchaînement de trois mouvements, ou en multi-directionnel.

On a également commencé à préparer mes bunkaï plusieurs semaines avant le passage, à chercher comment chaque mouvement pouvait se traduire. Pour aller plus loin j'ai cherché à présenter plusieurs types de bunkaï, le premier était composé de mouvements "simples et efficaces", le second était plus complexe, intégrant une bonne petite projection et une clef de bras, le troisième était encore plus complexe et jouait sur les points de pression.

La partie sur laquelle j'ai pu beaucoup travailler était les randoris et le kihon ippon kumite. Tous étaient préparé à l'avance pour montrer le plus de techniques possibles correctement exécutées. J'ai fait en sorte, sur le kihon ippon kumite, d'alterner une technique rapide et simple avec une technique plus complexe (projection / clef / balayage).

Outre les entraînements en clubs, ça a été très important pour moi de me préparer aussi de mon côté. De réviser les randori, le kihon, mes katas et mes bunkaï de mon côté : les repenser dans ma tête pendant le trajet pour les cours, les retravailler le soir en prenant comme punching-ball mes collocs (merci pour leur patience...), et même aller faire un tour chez les copains d'un autre club pour avoir un avis extérieur sur mon passage (merci les copains et copines de Bagneux !).

Le passage :

On arrive en avance le matin, il fait encore nuit noire, un vrai décor de film avec un peu de brume et des silhouettes encore mal réveillées qui attendent devant le gymnase.

On rentre, pas de vestiaire de disponible, on doit se changer dans une salle restée ouverte avec tout le monde.

Il fait froid.

On papote un peu avec les autres candidats avant de rentrer dans une grande salle du gymnase du style terrain de basket ou hand avec des tatamis qui recouvrent l'ensemble du terrain divisé en plusieurs aires.

On s'échauffe comme on peut, dans les gradins ou à moitié dans le passage. Tous et toutes commencent à se concentrer.

En guise d'échauffement pour moi : un peu de montée de cardio, des étirements, un Ki Nanbu Taiso coincé entre deux bancs, révision de mes katas et kihon ippon kumite..

Tous les candidats sont appelés par "Le Grand Chef" qui semble diriger le passage de grade pour être dispatché sur une aire... Mais le Nanbudo ne semble pas être sur cette liste. Finalement on nous indique ensuite une aire toute spécialement mise à disposition du Nanbudo au fond de la salle : "l'aire des schtroumfs", à côté des arts martiaux chinois.

On continue de s'échauffer. Comme il fait plutôt froid dans la salle, je reste tout le temps en mouvement pour éviter de me refroidir au maximum. En y repensant, j'aurais presque pu mettre un pull sur mon kimono…

Le jury nous appelle pour que nous leur donnions nos passeports FFKDA.

Passage:

Nous passons chacun notre tour sur chaque épreuve, c'est chic ça, ça nous laisse le temps de reprendre notre souffle entre les passages.

Coup de stress et beaucoup de bruit dans la salle au début du passage, je foire complètement mes kihons : à cause du bruit j'entends à moitié ce que me demande le jury, et à cause du stress je fais complètement l'opposé de ce que j'ai entendu. Ensuite, je me rappelle que je sais parler et dire que je n'entends pas… Un membre du jury s'est donc approché de l'aire et a parlé plus fort : tout de suite ça marche beaucoup mieux !

Deuxième problème: Romain (mon plastron) et moi on fait quelques p'tites bourdes… Dans l'idée ça n'aurait pas eu d'impact si je n'avais pas commencé à rire et sourire devant le jury. Note pour plus tard : en toute situation, rester martial !

Pour le reste : tout se déroule, chaque épreuve après l'autre :

Kihon, Kihon Ippon Kumite, Randori libre et imposé, Katas, Bunkaï.

Ce qui m'a surpris:

J'ai fait Swari Randori Ichi No Kata à la seconde épreuve avec partenaire: donc un exercice plus sur l'étiquette et la forme qu'un Ju Randori -plus athlétique, impressionnant, et combatif- mais ça a été très apprécié et m'a apporté pas mal de point.

Point important : Pas besoin d'être très athlétique / jeune et vigoureux pour réussir son passage de grade ! Des exercices ou Yin ou d'étiquette font très très bien l'affaire !

A la fin du passage, le jury peut décider de nous faire un petit retour sur le passage, nous donner des conseils ou nous dire ce qui n'allait vraiment pas.

Enfin un petit temps d'attente avant les résultats et... Bravo à tout le monde !

Et bien sûr, c'est l'heure d'aller fêter ça avec une bonne bière


Isabelle Amiel Hanshi
et Léo Stryzewski Shidoin