Les petites pierres de Daï Shihan LVII : 28 avril 2020, 3 ans !

Publié le 23/04/23
AFDP Nanbudo
Les petites pierres de Daï Shihan LVII : 28 avril 2020, 3 ans !

Trois ans déjà ! Yoshinao Nanbu Doshu Soke s'en est allé.

C'est irréel, c'est à la fois tellement récent et si loin.

Trois ans, sans lui, mais toujours avec lui ! Le Doshu nous manque, l'homme nous manque.

Formés par lui, corps et esprit, avec tout ce qu'il nous a légué, tout ce qu'il a ouvert, sa présence n'arrête pas de se manifester !

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Il nous a permis de nous retrouver avec joie avec lui, nous continuons de nous retrouver avec joie.

Les stages internationaux, nationaux et régionaux s'enchainent. Nous nous retrouvons avec beaucoup de ses élèves, ceux des débuts qui sont restés comme ceux qui l'ont rejoint ensuite, mais également ceux qui ne l'ont jamais connu.  Nous les voyons évoluer, nous voyons le Nanbudo, nous voyons Doshu.

Les souvenirs affluent, mais loin de nous maintenir dans le passé, ils nous font vivre le présent et nous projettent dans l'avenir.

Il n'y a pas un moment de pratique du Nanbudo sans que nous fassions des découvertes.

Il en est de même lorsque je relis mes notes transcrivant ce qu'il nous disait.

Pas de dogmatisme, il nous a appris à ne jamais nous satisfaire d'acquis, ne pas nous installer dans une routine. Il nous a appris à pratiquer pour nous et pas « pour lui faire plaisir »

Ne jamais arrêter, toujours évoluer, RESTER VIVANTS.

Il y a une légende Yoshinao Nanbu bien sûr, mais ce n'est pas un mythe.

C'était un homme de chair et de sang ! C'était un combattant émérite, un artiste martial, chercheur, créateur, génial. Il s'est cherché, il a évolué, il s'est construit en créant.

Avec son « aura », sa « célébrité », Nanbu Doshu est toujours resté simple, souriant, positif, sincère, à l'écoute de toutes et tous, quelques soient leurs grades. Mais sa patience, sa tolérance, (combien de fois m'a-t-il dit « un homme ne se construit pas en un jour »), avaient une limite : il n'a jamais passé de compromis avec sa recherche de création.

Il n'est pas besoin d'inventer ou d'exagérer pour lui rendre hommage, les faits suffisent.

Attention au souvenir que l'on s'invente, quelquefois sincèrement, on y croit.

Ne le faisons pas passer pour ce qu'il n'était pas, au risque de le décrédibiliser : non, il ne marchait pas sur l'eau !

Bien sûr, pour beaucoup, la date de sa disparition restera gravée à vie dans nos mémoires, mais cette journée funeste n'efface pas toutes les autres.

Quel plus bel hommage pouvons-nous lui faire que de continuer de pratiquer le Nanbudo, continuer de l'enseigner, continuer ensemble, ouvrir des clubs, continuer de multiplier les stages comme il le faisait ?

Quelle plus belle réussite pour lui que nous continuions pour nous, parce que c'est en nous, et que nous ne le gardions pas pour nous, mais nous mettons en quête de le partager ?

En faisant vivre le Nanbudo, nous continuons à faire vivre Doshu !

Bien sûr, il est de notre devoir pour certaines et certains, et même sans être un devoir, de faire vivre sa mémoire.

Le faire vivre lui, entièrement, sans choisir une partie de sa vie plutôt qu'une autre, sans vouloir l'accaparer, sans vouloir l'instrumentaliser, sans vouloir le déifier.

Doshu Soke était un artiste martial et il n'a pas créé une école qui soit un supermarché où l'on choisit ce que l'on prend et ce que l'on ne prend pas.

Il y a une profonde logique dans son évolution, dans sa création.

Il n'a créé qu'une seule école, avec une première étape, comme début de ses recherches, avec des essais, pendant une période d'une huitaine d'années, qu'il a appelé Sankukai. Lorsqu'il se lance, il a 27 ans !!!

Il a poursuivi, avec un plan pensé, pour donner à son école une structure complète d'un nouveau Budo, où toutes les parties sont profondément imbriquées, aboutissement tout aussi logique, auquel il va donner son nom : Nanbu Budo qui par contraction va donner Nanbudo. À 34 ans !!!

Il va pendant près de 45 ans, tester, modifier, rajouter, dévoiler petit à petit le plan d'ensemble de cette école dont l'ambition était telle qu'il n'a pas pu malheureusement aller jusqu'au bout de ce qu'il avait codifié et voulait nous enseigner, mais il a pris le temps de bien ancrer ses principes.

Plus de fluidité pour plus d'efficacité, la prise en compte de la santé, le réajustement d'un mental fort dans sa vie de femme et d'homme bien au-delà du mental du compétiteur, la remise à sa place de l'humain dans l'univers, l'harmonie, la paix, le bonheur, sa recherche sera constante pour un Budo du 21e siècle ! Il rejoint pour moi, il est vrai que je suis très partial, les grands maitres du début du 20e siècle, Jigoro Kano Senseï, Gichin Funakoshi Senseï, Kenwa Mabuni Sensei, Morihei Ueshiba Senseï.

Même s'il n'était pas avare de paroles, c'est par la pratique qu'il a voulu nous faire « sentir » tout cela et il effectuera un énorme travail de codification sur tous les aspects du Nanbudo : Budo Ho, Kido Ho et Noryoku Kaihaitsu Ho.

Lorsqu'il apportait ce qui nous semblait nouveau, ou lorsqu'il modifiait quelque chose, il nous disait « je ne sais pas, c'est comme ça que je le sens ».

Il a écrit : « Je ne pensais pas, j'étais porté par une envie de création. Il n'est pas nécessaire de tout comprendre. Il faut pratiquer, travailler, ressentir. On ne peut pas toujours expliquer. Ce n'est pas l'explication qui va permettre de ressentir. C'est par la pratique que par hasard, je vais ressentir à un moment ».

Il travaillait beaucoup personnellement, que ce soit en effectuant 1000 fois une technique de combat, en observant la nature, en travaillant ses sensations, en cherchant inlassablement.

Profondément imprégné de toute une culture du Budo japonais, il visait à l'universalité.  Pour cela, il multipliait les stages, prévus ou improvisés, dans un maximum de pays, pour tester, modifier s'il le fallait, afin de s'adresser à tout le monde.

Alors très modestement par rapport à lui, avec toute notre gratitude et tout notre amour, continuons à écrire sur les pages suivantes du Budo, et particulièrement celles du Nanbudo.

À bientôt sur les tatamis.

Je vous embrasse
                                                                       
Stéphane Carel Daï Shihan

AFDP Nanbudo

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